ActualitésDémocratie alimentaire

SSA en est où à Lorient? 

Depuis le printemps 2024, un groupe de citoyennes et citoyens travaillent sur l’expérimentation d’une caisse de l’alimentation à Lorient…

Genèse du projet et constitution du groupe citoyen

Ce projet s’inscrit dans le sillage d’une démarche globale de lutte contre la précarité alimentaire menée depuis début 2023 dans le cadre du Plan Alimentaire Territorial (PAT) du Pays de Lorient et coordonnée par l’association Optim’ism, partenaire historique de Cohérence.

Plusieurs grands axes sont identifiés, dont le développement du pouvoir d’agir citoyen sur la thématique alimentaire, fer de lance de Cohérence, qui devient alors l’objet d’un groupe de travail spécifique. L’émergence sur le territoire national d’expérimentation de caisses locales inspirées de la Sécurité Sociale de l’alimentation invite Cohérence et Optim’ism à s’emparer de cette thématique pour faire vivre la citoyenneté alimentaire sur Lorient.

Printemps 2024. Le point de départ du projet a été la constitution du groupe citoyen. Avec l’appui des autres partenaires du projet Précarité Alimentaire, le recrutement a pris la forme de prises de paroles publiques au CCAS, dans les centres sociaux, en médiathèque, devant les écoles, au marché. L’interpellation des citoyens et citoyennes s’est aussi appuyée sur la distribution de “carte vitale de l’alimentation” comme cela avait été le cas lors de la création de la caisse alimentaire commune de Cadenet, pionniers de ces expérimentations inspirées de la Sécurité sociale de l’alimentation. Au total, une cinquantaine de personnes décident de rejoindre l’aventure lorientaise.

Lancer une caisse locale de l’alimentation, oui mais comment? 

Comme nous le rappelle le réseau Civam dans son guide « Animer la démocratie alimentaire : comment concevoir des parcours d’apprentissage citoyens ? qui va bientôt être mis en ligne dans leur bibliothèque de ressources en ligne. “Donner le pouvoir aux citoyens de choisir leur alimentation nécessite une construction politique. L’objectif est de permettre aux individus de se réapproprier le système alimentaire. Ce processus doit permettre l’apprentissage par chacun des enjeux sociaux et économiques de l’alimentation, mais aussi la pratique de l’action collective pour participer à la définition et à l’organisation du système alimentaire.”

En 2024, la priorité a donc été de construire un socle commun de savoirs, de légitimité et de fonctionnement grâce à un parcours d’apprentissage en commun de 9 mois.

Au programme, construction d’une charte de fonctionnement du groupe, fresque de la précarité alimentaire avec Aux Goût du jour, intervention de Marie Wasler de la chaire Unesco “alimentations du monde” sur la compréhension du système alimentaire, réflexion sur les valeurs d’une future caisse locale de l’alimentation, échange avec Bénédicte Bonzi anthropologue et autrice du livre “La France qui a faim” sur les dérives de l’aide alimentaire, lecture collective et discussion avec le réseau Civam autour de leur rapport “L’injuste prix de l’alimentation”, échange avec Nicole Darmon experte en nutrition et santé publique, visite de fermes et rencontre avec des paysannes et paysans. En tout un parcours de 11 ateliers co-construits avec les citoyennes et citoyens et co-animés par Cohérence et Optim’ism grâce à des outils d’éducation populaire et de gouvernance partagée. Un des temps forts de chaque atelier : le repas partagé concocté par des cuisinières et cuisiniers locaux comme Titouan traiteur à “Cuisine du Monde” et membre du comité citoyen, l’Embarcadère, chez Coline ou Code 0 des lieux de restauration lorientais engagés.

Nouvelle phase, vers une concrétisation du projet et l’autonomisation du groupe

Depuis début 2025, le comité se lance dans la phase 2 de l’expérimentation pour avancer plus concrètement sur la création de la future caisse de l’alimentation. 

Pour ce faire, plusieurs commissions ont été créées pour avancer sur les questions de conventionnement des produits, les potentiels bénéficiaires ou partenaires, la question de comment financer cette expérimentation ou encore la gouvernance. 

L’expérimentation citoyenne en tant que telle occupe une place centrale dans ce projet. A ce stade, des réflexions émergent sur l’évolution de la posture d’animation du groupe. Comment aller vers l’autonomisation progressive du groupe pour qu’il prenne en charge les différentes étapes du processus d’animation? 

La nécessité de continuer à se former ensemble à la fois sur des questions techniques mais aussi sur des outils de gouvernance partagée et de coopération font partie des questions actuelles du groupe citoyen.

Dans une logique de reprises de savoirs, l’équipe de Cohérence réfléchit à comment donner accès à une boîte à outils pour renforcer ces compétences mais aussi la légitimité et la confiance à animer certains temps ou débats par eux-mêmes.

Cela pourrait également passer par la co-organisation d’un week-end apprenant avec Carav’alim 

En parallèle, des pistes comme la mise en récit du projet, le lancement d’une démarche de recherche-action ou encore la création d’un comité scientifique viennent nourrir la démarche.

Une caisse locale de l’alimentation dans un projet politique plus global : la démocratie alimentaire 

L’expérimentation de caisse locale de l’alimentation s’inscrit dans un projet politique plus global qu’est celui de la sécurité sociale de l’alimentation. Il existe aujourd’hui en France d’autres expérimentations en cours avec différentes stratégies de mise en œuvre et à différents états d’avancement, comme celles de Montpellier, de Bordeaux, de Cadenet, de Brest ou encore à Dieulefit dans la Drôme et bien d’autres encore.

Il doit exister “une biodiversité de caisses différentes” pour faire vivre ce projet politique qu’est la sécurité sociale de l’alimentation, comme le dit Mathilde Woilliez de l’association “Au Maquis” qui a accompagné la création de la caisse de Cadenet et que nous avons reçu à Lorient lors du parcours d’apprentissage en commun. 

C’est le choix du temps long qui a été fait sur l’expérimentation de caisse de Lorient pour laisser pleinement la place aux citoyennes et citoyens.

Au delà des expérimentations de caisses locales de l’alimentation, d’autres pistes font vivre la démocratie alimentaire comme les conventions citoyennes, l’implication de groupes citoyens dans les décisions du Plan Alimentaire Territorial comme c’est le cas à Fougères et à Pléssé ou encore les mobilisations autour d’un Droit à l’alimentation portées par Action contre la faim dans leur récent rapport “La France doit se mettre à table”.

Le retour d’Oscar en service civique chez Cohérence 

« Arrivé en service civique à Cohérence fin-septembre, c’était d’abord la perspective de travailler autour de la Sécurité sociale de l’alimentation qui m’avait poussé à postuler. Venant du monde de la recherche, l’éducation populaire et l’animation ne faisaient pas partie de mes compétences. Tantôt participant, tantôt animateur en herbe, la préparation des séances avec Pierre, Justine et Sophie m’a permis de découvrir toute la panoplie d’outils qui font le parcours d’apprentissage en commun. Ces moments partagés avec le groupe citoyen, la richesse des réflexions et propositions qui ont pu émerger des rencontres avec les intervenant.es m’ont vraiment fait prendre conscience de l’importance de lutter pour une réelle démocratie alimentaire. J’ai hâte de voir comment le groupe va maintenant s’approprier la construction de la caisse locale dans les mois qu’il me reste à l’asso ! » 

Si vous souhaitez rejoindre l’aventure lorientaise en intégrant le comité citoyen ou bien comme partenaire du projet, si vous faites partie d’un collectif breton ou si vous envisagez de lancer un projet de caisse en Bretagne n’hésitez pas à nous contacter par mail à l’adresse contact@reseau-coherence.org

Sophie & Oscar pour Cohérence

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