Les rencontres des transitions – Webinaire #6
Impliquer les habitant⸱e⸱s, créer du « nous » avec Le Conseil Local de la Transition de la commune de Mordelles
Le 22 octobre 2024, de 18h à 19h

Une de nos convictions pour réussir les transitions, c’est la nécessité d’associer les habitants et de mener des actions dans une démarche « de bas vers le haut », « de bottom-up » pour créer du collectif. Pour mener à bien cette conviction, nous avons lancé en 2022 ce conseil local de la transition, avec le pari d’une instance uniquement composé de citoyennes et de citoyens. Il agit en tant que force de proposition, chargé de porter des propositions d’actions citoyennes, d’apporter un regard sur nos projets tout en montant en compétence. C’est tout l’enjeu du « nous ». Thierry Le Bihan, Maire de Mordelles.
Avec Hervé Pralong – Adjoint à la communication et à la citoyenneté, Sébastien Benoist – Chargé de projet transitions et Christelle Primault, membre du Conseil Local de la Transition.
Lien vers l’enregistrement de l’intervention : https://youtu.be/qfv7j01sixE
Retranscription de la séquence de questions avec le public
Sur la relation entre le CLT et les élu.es de la commune : Comment étaient organisés les échanges ? Avez-vous fait l’expérience de désaccords sur les propositions faites par le CLT ?
Hervé Pralong : Pour limiter l’influence des positions du conseil municipal sur le fonctionnement du CLT, il a été décidé qu’il n’y aurait pas d’élu·es y siégeant. Le lien se fait principalement via l’animation du CLT par Sébastien [Benoist] et la présentation des projets au bureau municipal.
Sébastien Benoist : Aussi, le bilan de la première phase de fonctionnement du CLT a donné lieu à une rencontre et un temps d’échange entre les membres du CLT, le maire et un adjoint.
Hervé Pralong : Dans le cadre de l’auto-saisine, les propositions du CLT sont étudiées en bureau municipal, notamment leur adéquation avec le cadre des missions du CLT. Le bureau municipal complète ensuite ces propositions, répond à certaines questions de faisabilité. Par exemple dans le cas de la « Fête des mobilités douces », journée sans voiture, la commune s’est chargée de la logistique, des aspects réglementaires…
Sébastien Benoist : Aucune proposition d’auto-saisine n’a d’ailleurs été rejetée par le bureau municipal. Dans la construction du CLT, il avait été statué qu’un éventuel refus d’une proposition du CLT pourrait faire l’objet d’une explication du refus, par un·e élu·e, devant le CLT.
Quelles sont les limites à la saisie du CLT par la commune ?
Hervé Pralong : Il faut être soucieux de ne pas « noyer » le CLT, qui avance à son rythme (une réunion tous les 2-3 mois). Cela nécessite de bien choisir sur quels sujets la commune décide de saisir le CLT.
Est-ce que le CLT est complémentaire d’autres démarches de participation citoyenne sur Mordelles ?
Hervé Pralong : Oui ! D’autres « conseils » existent sur la ville de Mordelles, constitués ici de volontaires uniquement, comme une assemblée des jeunes et deux comités consultatifs « Urbanisme et cadre de vie » et « Communication ».
Avez-vous observé une différence entre la représentation géographique, sociologique recherchée dans la composition du CLT et la représentation effective ?
Sébastien Benoist : Pour la représentation des différentes tranches d’âge, la difficulté principale reste de recruter les plus jeunes (18-25 ans). Sur la répartition géographique, même si la répartition des bureaux électoraux n’est pas forcément respectée, on observe la participation à la fois de personnes vivant en centre-ville et de personnes vivant à la campagne.
Pour faciliter (et surtout pour valoriser) l’engagement des habitant·es, il est intéressant de chercher à leur permettre de monter en connaissances/compétences sur l’action publique, quel était le budget alloué par la commune à l’animation de ces ateliers dans le cadre du CLT ?
Sébastien Benoist : Pour l’année 2024, avec l’organisation de la réunion publique « Produire sa propre énergie et réduire ses factures » et la journée « Fête des mobilités douces », un budget de 6000-7000€ a été mobilisé. Ce montant comprend la rémunération des partenaires/prestataires, la communication, la sécurité lors des événements, et la convivialité !
Des temps d’échange entre membres du CLT et services techniques de la commune (voirie, espaces verts) ont-ils été organisés ?
Sébastien Benoist : Cela a fait l’objet de demandes de la part du CLT dans le cadre de réflexions sur la végétalisation. Ces demandes n’ont pas abouti faute de temps et de moyens.
Le rythme des réunions (une tous les 2-3 mois) a-t-il été décidé par le CLT ou est-il lié à des contraintes de l’animateur ?
Sébastien Benoist : La seconde ! Il avait aussi été donné au CLT la possibilité de se réunir en dehors du cadre de l’animation. Il semblerait que cela ait été le cas au début de l’expérimentation, sans pour autant perdurer. Des réunions plus fréquentes sont sans doute importantes pour augmenter l’engagement.
Est-il envisageable de « mutualiser » la mise en place d’un CLT avec d’autres communes ?
Hervé Pralong : Tout à fait ! Des exemples de coopération inter-communale dans la mise en place de projets participatifs existent déjà : la ville de Mordelles coordonne depuis plus d’un an la mise en place d’un atlas de la biodiversité mutualisé avec les villes de Chavagne et de Le Rheu.
Sébastien Benoist : Effectivement, il pourrait être très intéressant d’élargir le champ de ces mutualisations à d’autres communes, avec par exemple un temps plein inter-communal dédié à la participation citoyenne et l’animation de CLT.
Rennes Métropole pourrait-elle être l’un de ces partenaires à une mutualisation des CLT, pour des propositions relevant des compétences de la métropole ?
Sébastien Benoist : Sur les thématiques relevant des compétences de la métropole (énergie, climat, mobilité,…) abordées par le CLT, ce dernier a décidé de se focaliser sur des actions de sensibilisation. L’ambition du CLT n’était pas de mener de longs projets d’investissement, d’aménagement, de travaux, et plutôt de travailler sur des projets qu’il est possible de mettre en place en 1 ou 2 ans. Aujourd’hui la collaboration est vraisemblablement rendue difficile par le manque de moyens humains alloués à la participation citoyenne à Rennes Métropole pour la quarantaine de communes qui la composent. Mais il ne fait aucun doute qu’il pourrait être intéressant que Rennes Métropole s’appuie sur des instances comme le CLT de Mordelles pour introduire de la concertation dans ses propres actions.
Est-ce que vous sentez une différence entre les volontaires et les personnes tirées au sort à l’issue de l’expérience ? En termes d’engagement, de compétences ?
Sébastien Benoist : Forcément les volontaires sont souvent des personnes qui, en amont du projet ont déjà été initiées à la question des transitions, voire même qui ont acquis des compétences à ce sujet. Gérer une potentielle différence entre les deux groupes faisait partie de nos inquiétudes au début du projet. C’était mon rôle en tant qu’animateur de faire en sorte que tout le monde puisse s’exprimer, donner son avis sur les actions à mener. J’espère avoir réussi à le faire !
Est-ce que les membres du CLT « cooptent » leurs voisins, jouent un rôle dans la promotion de ce projet ? Y a t-il des demandes de participation spontanée pour la deuxième phase du CLT qui commence cette année ?
Christelle Primault : Oui ! J’ai récemment reçu un appel d’une personne tirée au sort, qui souhaitait en savoir plus sur l’objet du CLT. Personnellement, je parle du CLT autour de moi, mais il faut admettre qu’il est difficile de mobiliser du monde… Le 7 novembre prochain nous organisons une réunion de présentation du CLT et des résultats de la première phase, espérons que les personnes tirées au sort auront envie de continuer l’aventure avec nous !
Sébastien Benoist : Sur les 250 personnes tirées au sort cette année, une dizaine nous ont déjà contacté pour nous dire qu’elles étaient intéressées, et une relance par courrier est prévue pour les autres.
Les personnes tirées au sort lors de la première phase sont-elles plus susceptibles de se porter volontaire cette année ?
Sébastien Benoist : Difficile de répondre à ce stade. Il semblerait que le temps de montée en compétence soit vraiment crucial pour permettre aux personnes tirées au sort, qui peuvent ne pas se sentir légitimes à agir sur le sujet des transitions, de trouver leur place au côté des volontaires. Ce sera un enjeu majeur de cette deuxième phase.
Dans l’optique des prochaines élections municipales, comment donner envie aux élu·es d’intégrer plus de participation citoyenne, voire des projets similaires au CLT de Mordelles dans leur programme ?
Hervé Pralong : Plusieurs arguments : Tout d’abord les réunions du CLT sont de vrais moments de démocratie de proximité, qui renforcent le lien entre les citoyen·nes et leur commune. Par ailleurs, les temps de montée en compétences, les rencontres entre personnes ayant des rapports différents aux enjeux des transitions sont très importants et participent au bien-être des habitant·es. Aussi, le CLT est un moyen d’avoir des « retours du terrain » permettant de guider les prises de décision du conseil municipal, une alternative aux plaintes à l’accueil de la mairie !
Cet entretien est une synthèse des échanges qui ont suivi l’intervention d’Hervé Pralong, adjoint à la communication et à la citoyenneté de la Ville de Mordelles, de Sébastien Benoist, chargé de projet transition, et de Christine Primault, membre du Conseil Local de la Transition (CLT) de Mordelles. Les propos ont été adaptés afin de refléter l’essence des discussions tout en en facilitant la compréhension et la lisibilité.