Quimperlé : Une commission extra-municipale du temps long

Échanges avec Yves Schryve, adjoint aux travaux, bâtiments et à la transition écologique énergétique de la commune de Quimperlé.

Un commission extra-municipale du temps long : comment et pourquoi faire ?
Pendant le précédant mandat (2014-2020), la commune de Quimperlé avait déjà mis en place une commission extra-municipale. Elle portait sur le partage de l’espace public par les différents utilisateurs (poucettes, vélos, piétons, personnes à mobilité réduite, …). Cette commission nommée « rue partagée » avait permis de réaliser un travail de fond sur le plan de déplacement communal.

Durant la campagne municipale de 2020, un collectif d’habitants et d’associations avait proposé aux candidats de prendre des engagements dans le cadre du Pacte de la Transition. L’équipe élue en 2020, avait alors pris 19 engagements, dont celui d’installer une commission extra-municipale du temps long. L’objet d’une telle commission est de représenter les intérêts de la nature et des générations futures, et s’assurer de l’adéquation des grands projets des communes et de leurs groupements avec les enjeux écologiques, sociaux, climatiques de moyen et long terme.

En janvier 2021, la commission extra-municipale du temps long a donc été proposée aux habitants de Quimperlé et travaille sur les 19 engagements du Pacte (énergie, agriculture et restauration, mobilités, consommation responsable, aménagement et habitat, ressources naturelles, inclusion). Elle se réunit deux à trois fois par an et est composée de 8 élus (dont 2 élus de la minorité) et de 8 associations locales. Les associations participantes ont été désignées par le collectif local du Pacte de la Transition, la mairie ne demandant que la parité élus/associations. Les services de la ville peuvent également y participer en fonction des sujets.

Pour Yves Schryve, « la commission extra-municipale permet à la fois d’avoir des retours « terrain » des habitants et des associations qui pratiquent au quotidien la commune mais également de construire collectivement des politiques de long terme. »

Des règles de fonctionnement à co-construire
Lors des premières réunions, la commission a adopté un règlement intérieur. Une forme de charte qui fixe les règles de vie commune de cet espace de coopération. L’essentiel est d’y favoriser la bienveillance et l’écoute, la commission n’est pas le champ de l’affrontement politique.

Cette commission est consultative. Son objectif est de faire des propositions aux élus qui les transmettent, si ils le souhaitent, ensuite aux services de la ville pour passage en bureau municipal, puis en conseil municipal. Pour ce qui est des échanges au sein de la commission : les comptes rendus des commissions sont diffusés aux élus et aux membres des associations, mais pas à l’ensemble des habitant.e.s (à ce jour).

« Une mise en place qui demande un très grand investissement »
Pour l’ensemble des participants à la commission extra-municipale (élus, membres d’associations et services) l’engagement est important. La mise en place d’une telle commission demande de ne pas sous-estimer le temps à y consacrer ou encore le besoin de formation et d’information des participants.

Les associations sont représentées par des bénévoles qui sont très engagés et leur manque de disponibilité peut s’avérer problématique sur les sujets complexes. Par exemple sur la restauration scolaire, lorsqu’on veut promouvoir les circuits courts, les repas végétariens, une alimentation de qualité. Il y a énormément d’actions à mettre en place : formation des cuisiniers, élaboration de nouveaux marchés publics, construction d’un nouvel équilibre financier, etc. Donc des connaissances multiples qui pour être acquises nécessitent du temps. Autre exemple complexe, l’accueil des réfugiés.

Autre difficulté, le suivi des mesures du Pacte nécessite parfois des connaissances/compétences très pointues (exemple de l’isolation des bâtiments publics ou du développement des réseaux de chaleur). Trouver une association ou un.e expert.e sur une thématique pour permettre à l’ensemble des participants d’avoir un regard éclairé est parfois compliqué sur le territoire. Pour autant il est important de partager une information, une culture commune pour éviter des points de blocages.

Dernières difficultés, le rapport au temps, qui est très différent entre une collectivité et une association car en collectivité le délai entre la proposition et la réalisation concrète peut parfois être très long (temps de la décision collective, recherche de financement, vote du budget, marché public, réalisation ….). Cela a pu générer des conflits au début mais maintenant ceux-ci sont plus apaisés.
Paradoxalement, le temps « vraiment » long peut aussi être difficile à l’échelle communal car nous ne sommes présents que pour les 6 ans du mandat.

De très bons résultats sur le « vivre ensemble » et «les espaces publics »

Malgré les freins précédents la commission fonctionne très bien sur les sujets qui touchent au vivre ensemble ou aux espaces publics. L’exemple du plan vélo en est la démonstration. Les membres de la commission ont fait des apports très riches se sont des praticiens et des experts.
Autre exemple de cette efficacité, on travaille sur les cours d’eau, les inondations, la biodiversité. Les militants sont très pointus, beaucoup plus que les élus. Les militants nous expliquent le reméandrage, le rôle des zones humides ou des haies, … ils nous montrent l’essentiel ils sont très très pointus.
Les services étaient également présents sur ce sujet : l’usage de l’eau dans les bâtiments, l’arrosage des plantes, etc. La commission a ainsi permis une large mobilisation. La réflexion est alors horizontale, partagée et en transversalité.

En conclusion, pour Yves Schryve « La plus-value de la commission est évidente. Les gens engagées, militants apportent leurs richesses. Ils ne sont pas en opposition ou réaction, ils sont partenaires. Si nous élus, nous ne mettons pas tous les gens autour de la table, nous sommes à côté de la plaque. Il y a beaucoup de compétence, il suffit juste d’écouter ».
les habitants sont intéressés et prêts a donner de leurs temps lorsque les sujets sont concrets et les touchent dans leur quotidien. De plus, lorsque tous les leviers sont activés, la pertinence des commission extra-municipales est une évidence. Les habitants, les militant, les élus deviennent alors partenaires ce qui permet de construire des projets justes et cohérents. 

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