L’ONG internationale Reporters sans frontières a récemment publié un classement mondial de la liberté de la presse, où la France atteint piètrement une 34ème position. Une bien triste nouvelle pour un pays comme la France, réputé comme étant un pays des droits de l’Homme et démocratique. Une illustration de cette problématique a lieu en Bretagne, région très active dans le secteur de l’agriculture et de l’agro-alimentaire, où la loi du silence règne et les journalistes avertis. Le climat est donc tendu et agité, entre menaces diverses, création d’une cellule Démeter en 2019 ou encore décrédibilisation des journalistes notamment orchestrés par des agences de communication, nous avons posé des questions auprès de la journaliste Morgan Large, sur la situation actuelle et les menaces et atteintes envers elle et sa famille.
Quelle est la particularité de l’information sur l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire en Bretagne ?
«La particularité c’est que cette information est traitée presque intégralement dans la presse professionnelle agricole qui est aux mains des grands groupes comme Paysan Breton ou aux mains de syndicats. En Bretagne, le syndicat majoritaire est la FNSEA. Malheureusement, les enjeux agricoles d’aujourd’hui dépassent largement la question syndicale ou économiques, c’est pourquoi il est important que des journalistes indépendants se saisissent de ce domaine ».
Selon vous, que faudrait-il faire pour y remédier ?
«Des habitudes ont été prise avec une presse agricole dans laquelle la frontière entre communication et information est très poreuse, à la lecture on ne sait pas si il s’agit de promouvoir une coopérative, vendre une assurance ou faire la publicité du machinisme et de la robotique agricole. Le traitement de l’information sur l’agriculture et l’agro-alimentaire se fait sur un ton très positif. Il faudrait déjà que la parole critique sur l’agro-alimentaire soit possible et que les journalistes ne se sentent pas menacé·e·s ».
Dans le contexte des prochaines élections départementales, régionales ainsi que nationales, quelles seraient vos préconisations concrètes auprès des équipes ?
« Je me garderais bien de « préconiser » n’importe quel conseil que ce soit en terme électoral, mais chacun sait que l’écologie sera le sujet qui comptera pour ces prochaines élections. Ma seule expérience politique concerne un mandat de conseillère municipale, mandat au cours duquel j’ai beaucoup appris. S’intéresser à l’information locale est très important, tout comme l’échelon régional qui est capital, et la Bretagne est une région où l’investigation fait défaut ».
Marc Pouvreau – 28 avril 2021