« Cessez le double langage, cela devient dangereux ! »
Nous avons porté à votre connaissance les travaux d’un colloque intitulé « Les Assises de la Transition Régionale Alimentaire, Agricole et de la Pêche » (*) qui s’est tenu en avril 2018 à la fac de sciences de Lorient. Nous sommes toujours dans l’attente d’une réponse de votre part à plusieurs sollicitations pour envisager ensemble leurs modalités possibles d’application.
Nous vous proposons un véritable contrat de société pour la Bretagne résultant des propositions d’agronomes, sociologues, paysans, médecins, citoyens associatifs, élus bretons et normands et qui se compose d’un plan régional de transition agricole budgétisé avec des fonds spécifiques disponibles, déjà mis en œuvre en Normandie depuis 2015, et de systèmes alimentaires territorialisés, documentés par l’Agrocampus de Rennes, allant vers une indispensable relocalisation avec plus d’autonomie des collectivités territoriales et de prévention des crises.
Les enjeux cruciaux en termes d’atteintes catastrophiques de la biodiversité et du climat imposent une véritable et nécessaire transition sociétale dans laquelle les modes de consommation et de production alimentaires jouent un rôle déterminant. Le Grand plan d’investissement pour l’agriculture de 5 milliards dont l’ambassadeur est le vice-président de région est décliné en plans de compétitivité, de filières à haute valeur ajoutée, mais pas en termes de plan de transition : celui que nous vous proposons comporte des contrats de formation agronomiques véritablement soutenables, de parrainage et de transmission pour favoriser l’installation des jeunes agriculteurs et le maintien de fermes à taille humaine, objectifs stratégiques sachant que 50% des agriculteurs ont plus de 55 ans et 90% d’entre eux n’ont pas de successeurs désignés.
Monsieur le Président de région, vous avez exprimé de belles déclarations dans le cadre de la « Breizh COP » au sujet du « bien manger en Bretagne », alors que – en même temps – beaucoup de fonds publics sont alloués actuellement à ce système productiviste malgré toutes ses impasses, la plus dramatique étant la désespérance d’une grande partie du milieu agricole se traduisant par 1 suicide tous les deux jours en France – la Bretagne étant la plus exposée à ce fléau - et par de plus en plus d’agriculteurs gravement malades victimes des pesticides, outre l’exposition des riverains et des consommateurs à ces toxiques.
L’argent est là pour une agriculture et une alimentation saines, à la portée de tous et créatrices d’emploi. Il faut juste l’utiliser autrement !
Ce double langage devient dangereux alors que souffle un vent mauvais attisé par les inégalités, les frustrations, le constat que le rapport de force est permanant avec une prime à la violence, car celle-ci est bien à l’origine des dix milliards versés par le gouvernement pour calmer la révolte sociale et de ce « grand débat national ».
Nous n’avons pas attendu que cela se dégrade pour débattre et proposer des solutions véritables et nécessaires : vous persister à les ignorer … à moins que vous ne veniez à considérer qu’il est temps, effectivement, de se parler ?!
(*) Actes consultables sur https ://www.les7epis.fr/medias/pdf/actes.pdf
Lylian LE GOFF, médecin environnementaliste, militant associatif, 06 72 15 22 25
René LOUAIL, paysan, militant associatif, ancien Conseiller régional de Bretagne,
06 72 84 87 92
Mikaël COROLLER, gérant de la BIOCOOP de Lorient, 06 84 94 45 72