La crise sanitaire du Covid-19 est une nouvelle expression de l’effet boomerang des atteintes portées à la biodiversité sous forme de zoonoses émergeantes qui sont en augmentation depuis les années 1960 (Ebola, Sida, Zika, grippes aviaires, Mers , Sras, etc …) ; il y en aura d’autres si ne sont pas mis en œuvre ces « changements en profondeur sur les plans économique, social, politique et technologique » que le Président de la République a annoncés dans ses interventions télévisées du 12 mars et du 13 avril 2020.
Oui mais, « en même temps », le système agricole productiviste et le gouvernement en rajoutent en pleine crise sanitaire :
– la pollution de l’air par les particules fines apparaît comme un facteur aggravant le contexte épidémique car elles fragilisent les poumons et le système cardiovasculaire par des effets inflammatoires chroniques, ce qui facilite et peut aggraver les détresses respiratoires du Covid 19 ;
. or cette pollution persiste malgré la très nette baisse du trafic routier et des activités industrielles, confirmant bien la part de responsabilité des émanations d’ammoniac des pratiques agricoles d’épandage de lisiers dans la formation de ces particules fines, comme sur le nord de la Bretagne fin mars début avril 2020 ;
. les particules fines PM 10 et PM 2.5 sont des vecteurs par adsorption facilitant la propagation de virus bien connus comme ceux de la rougeole ou de la grippe, mais aussi en 2003 en Chine pour le coronavirus du Sras ; qu’en est-il de cet autre coronavirus qui a commencé à se manifester rapidement en Chine et en Italie du Nord dans des contrées à l’air très pollué en particules fines ; un étude de l’université de Harvard parue début avril établit une corrélation entre pollution de l’air aux PM et létalité du virus aux États-Unis.
– cette pollution de l’air provient des élevages industriels actuellement encouragés par la Région ; or la coexistence de ces élevages de poulets et de porcs sont aussi des foyers potentiels à haut risques épidémiques grippaux, faisant l’objet d’une veille sanitaire permanente de la part de l’ANSES ; une véritable veille sanitaire devrait bénéficier à la santé publique plutôt que de cautionner des pratiques à risques !
– les mesures ZNT « pour renforcer la protection des riverains » vis-à-vis des épandages de pesticides, déjà scandaleusement contestables, sont « assouplies » dans leur application du fait même du contexte de la crise Covid-19, ce qui est un comble pour aggraver l’exposition aux facteurs de risques liés à la pollution de l’air d’origine agricole.
– qui plus est, un décret du gouvernement paru le 8 avril 2020 autorise les préfets des régions et départements de déroger aux normes réglementaires applicables dans sept domaines dont l’environnement et l’agriculture : il fait suite à une période expérimentale de deux années, jugée positive, ainsi étendue de façon pérenne à tout le territoire !
Alors que l’urgence sanitaire tend à être supplantée par une urgence socio-économique consécutive à ce blocage sociétal inédit, on voit bien que les chantres du « système d’avant » attendent le déconfinement pour qu’il reparte de pus « belle ».
Cette fois, nous avons tous un impérieux droit de regard à exercer sur cette transition sociétale, pour ne surtout pas remettre des pièces dans la mécanique infernale qui malmène la biodiversité – note assurance vie – mais pour instaurer de nouveaux paradigmes et des idées-forces telles que prévention dans tous les domaines, environnement préservé, économie relocalisée non plus au service d’une finance cupide et prédatrice mais redevenue un moyen au service du social. Sans quoi, le monde d’ « après » risque d’être pire que celui d’ « avant ».
Même si le constat est affligeant, notre prise de conscience avec l’actualité renforcera encore nos actions pour moins impacter défavorablement notre milieu et au contraire développer une synergie autour de nous… Un peu comme ce colibri qui a fait sa part!
Le constat et la prise de conscience citoyenne sont là. Nos « petits gestes » en témoignent… Pour passer au stade supérieur c’est sur les actions mises en oeuvre par les pouvoirs publics qu’il faut compter. Et pour cela se débarrasser de l’influence des lobbys – dans notre région, celui de l’agro-business, de l’agro-alimentaire et de la FNSEA, main dans la main pour maintenir un système agricole polluant, qui tue l’eau, les sols, les paysages, les insectes, les oiseaux et les gens.