Lundi 30 septembre lors de la session du Ceser, j’ai rédigé l’intervention suivante. Ce texte a été co-signé par Eaux et Rivières et Bretagne Vivante.
« A l’heure où le Conseil Régional tente d’impulser depuis 2 ans à travers la Breizh Cop et le futur Sraddet un changement de modèle de développement nous ne pouvons être qu’extrêmement perplexe devant les nouvelles aides octroyées à des projets agro-industriels ayant de forts impacts sur les éco systèmes.
Les aides publiques doivent être orientées vers des activités qui maximisent la protection de nos ressources en eau, limitent la dépendance au soja OGM importé responsable de déforestation et sécurisent les revenus des agriculteurs en les libérant progressivement des contraintes de la mondialisation en terme de prix et de coûts.
En discussion lors de la dernière commission économie, la direction de l’ économie du Conseil Régional a vertement signifié que les lignes étaient déjà prévues et que cette décision modificative n’avait en rien à assumer un rôle « Breizh Cop ».
On attend quoi ?
Un des engagements de la Région, dans le cadre des Accords de Bretagne est de réussir le pari du Bien Manger avec des mesures comme :
Soutenir activement les filières qui s’engagent
Produire et transformer les aliments dans des conditions compatibles avec le bien manger
Favoriser les circuits courts et les circuits locaux
Or ce sont des installations toutes autres qui sont actuellement soutenues par le Conseil régional. Deux fermes usines de poulets dans le Morbihan, l’un à Néant sur Yvel capable de produire plus 1,2 million de poulets par an et l’autre de 600 000 poulets par an à Langoëlan. Dans le premier cas la moitié du cheptel est destinée à l’export. Entassées à 15 par m2 les volailles produiront 2,6 tonnes de fientes par jour et boiront chaque année 4,7 millions de litres d’eau de la nappe phréatique. La priorité devrait pourtant être de reconquérir le marché intérieur avec des filières de qualité dont la taille des productions respecte le lien au sol, garant des écosystèmes.
La mondialisation de l’alimentation entraine des dérives exponentielles en terme d’émissions de gaz à effet de serre (1) dues au transport, de déforestation, de gaspillage, d’exploitation effrénée des ressources naturelles, de spéculations. L’humanité doit repenser sa sécurité alimentaire au plus proche des territoires.
Le Conseil régional étudie des indicateurs pour évaluer sa politique Breizh Cop sur l’état des ressources naturelles, la contribution à la lutte contre le changement climatique mais aussi l’emploi. Sur ce dernier point, multiplier les installations à taille humaine fourniraient de très nombreux emplois de qualité dans les territoires. A l’heure des défis colossaux que nous devons relever collectivement, chaque subvention publique doit être soumise à des critères d’éco-socio conditionnalité mesurables et mesurés. Toutes les politiques publiques sont concernées et à fortiori l’économie. »
Note (1): Selon Le Monde-Planète du 3 mars 2019: Toute la chaine alimentaire mondiale pèse pour un tiers des émissions de CO2.
Bonjour Julian,
Bravo, comme toujours, les actes ne suivent pas les paroles. La bretagne, comme les autres collectivités veut faire du développement (as usual) hors, celui-ci n’est pas compatible avec une réduction de Co2. Il faut voir à ce sujet l’excellente conférence de Jean Marc Jancovici (expert en énergie, nommé par Macron au haut conseil pour le climat). PIB ou CO2, il faut choisir. Les solutions tout le monde ou presque les connait, mais sans union politique, civile, citoyenne il sera impossible de les appliquer.
Comme dit Michel Onfray, nous sombrons, sombrons avec élégance.