C’est toujours avec un grand plaisir que Cohérence donne aujourd’hui la parole à Thomas Regazzola avec son regard franco-italien autour de l’agriculture biologique et paysanne et des circuits de distribution. Vous trouverez après ces quelques lignes d’introduction la totalité de son écrit à télécharger.
« Aussi éloigné d’improbables aspirations chimériques, que de l’exaltation du pouvoir du consomm’acteur, cet article rappelle comment, dès sa mise en place, le modèle agricole productiviste a suscité de résistances. Des précurseurs éclairés mettaient en garde contre les agressions chimiques et pédologiques, mais prévoyaient aussi (et peut-être surtout) la désintégration des communautés locales, où la figure socio-territoriale du paysan serait remplacée par celle de l’agriculteur professionnel productiviste et où le rôle social du cultivateur autonome serait effacé par incorporation dans des filières réduisant les pratiques agricole à simple annexe de leur activité.
Ouvrant grand, à la Bio, l’accès à la circulation mondiale des marchandises, l’institutionnalisation des certifications a tué dans l’œuf l’entreprise capillaire d’éducation populaire qui (sous l’impulsion novatrice de N&P) aurait pu faire de la nourriture un trait d’union entre agriculteur et société civile.
Exonéré de tout effort pour comprendre la qualité des produits et les raisons du producteur le citoyen est définitivement renvoyé au rôle d’expert individuel en décodage de logos et choix de marques.
L’article souligne combien il est important, aujourd’hui, que des citoyens concernés exigent des élus locaux la mise en œuvre des outils disponibles pour favoriser les installations adaptées aux circuits courts et freiner l’agrandissement des fermes, tout en s’engagent, à côté des paysans autonomes, dans la prolifération de dispositifs de commercialisation, contrôlés conjointement. Valoriser les énergie collectives disponibles, créer des faits accomplis, en transformant, concrètement, les segments de vie sociale qui sont à portée de main, paraît indispensable, si on veut que la satisfaction pour le développement rapide de la bio profite, de façon permanente, à l’agriculture paysanne, au lieux d’aboutir à un avantage pour la grande distribution. En d’autres mots, le combat en faveur de la Bio doit s’accompagner d’efforts équivalents pour défendre le sort des producteurs, pour réclamer une structure foncière adaptée à une agriculture nourrissant les habitants du lieu et pour mettre en place des dispositifs marchands autonomes, indispensables à l’autonomie des uns et des autres. »
Thomas Regazzola