L’agglomération Lorientaise et la CCBO ont entrepris de redéfinir avec les professionnels de l’agriculture les bases d’une coopération et ont sollicité les représentants de la société civile pour apporter leur concours.
Cette révision de la charte intervient dans un contexte de crise agricole qui autorise à examiner tous les points de vue et à remettre en cause certains dogmes. Sollicité pour faire part de notre analyse de la situation, nous avons pris l’initiative de rédiger une note précisant nos propositions pour une agriculture au service des hommes. Les délais qui nous étaient imposés n’ont pas permis de faire partager ces propositions à l’ensemble des organisations qui ressortent du développement durable, toutefois plusieurs d’entre elles nous ont fait savoir qu’elles partageaient pleinement notre point de vue, en particulier le réseau des Amap.
Il convient de souligner que notre contribution a été complétée par une démarche inhabituelle organisée par les services de l’agglomération qui a invité le monde associatif à participer à des ateliers participatifs pour apporter leur contribution à la révision de cette charte , il nous reste à espérer que l’une de nos propositions qui vise à l’élargissement de la gouvernance entre en vigueur dés maintenant et se traduise par notre participation aux cotés des élus et des professionnels dans les instances de décision. Notre participation à une réunion informelle organisée par le conseil de développement du pays de Lorient sur l’agriculture nous autorise à formuler que les professionnels de l’agriculture y sont prêts.
Les objectifs de la Charte
La crise agricole structurelle que connaît notre région tant économique, écologique que sociale impose de réorienter l’agriculture vers un modèle soutenable et pérenne. Cette transition agricole et alimentaire doit se réaliser avec l’ensemble des composantes de la société locale (producteurs, élus et société civile) et s’articuler autour du bien commun avec les objectifs suivants :
– aider à l’installation de jeunes et de nouveaux agriculteurs, y compris dans la périphérie urbaine, plutôt que de laisser les exploitations existantes partir à l’agrandissement,
– encourager les formes d’agricultures innovantes, respectueuses de l’environnement et créatrices d’emplois durables et de qualité sur le territoire,
– favoriser les circuits courts et de proximité,
– promouvoir une éducation populaire sur les liens agriculture / alimentation / santé / emploi / environnement,
– préserver la biodiversité et la ressource en eau. A ce titre, nous demandons que la charte se positionne sur le refus des OGM dans les champs et dans les assiettes.
Les Actions prioritaires
1) Passer de la charte de l’agriculture à un système alimentaire territorial (SAT)
Si la charte de l’agriculture doit être à nouveau interrogée pour redéfinir le bien commun qu’est notre système agricole local, il faut y adjoindre une stratégie et un plan d’action concret en faveur d’une agriculture et d’une alimentation engagées dans un développement durable de nos territoires. Passer des simples actes agricoles de production à une approche alimentaire, nous permettra de positionner nos actions à la fois en termes de marché (Pour qui produisons/rons-nous ?), mais aussi et surtout, permettra une démarche inclusive et une mobilisation plus importante d’acteurs locaux.
Nous sommes tous des consommateurs et à ce titre, nous nous sentirons plus concernés par la question agricole.
2) Elargir la gouvernance
Actuellement le comité d’évaluation de la charte de l’agriculture est en très grande majorité composé d’élus et de représentants de la profession agricole. L’élargissement à la thématique alimentaire évoquée ci-dessus doit s’accompagner d’une augmentation de la diversité des acteurs avec une plus grande ouverture à la société civile et notamment aux associations de défense de l’environnement, de la santé et des alternatives agricoles et alimentaires. Nous établirons ainsi un espace de dialogue et de médiation entre la ville et la campagne autour du Bien commun.
L’élargissement de la gouvernance passe également par une coopération plus approfondie avec la CCBO
3) Maîtriser le foncier agricole pour favoriser l’installation et la transmission des exploitations
Le renouvellement des générations d’agriculteurs va provoquer un changement important dans les années à venir. Pour favoriser l’emploi et l’aménagement du territoire, il est nécessaire que la communauté d’agglomération, en collaboration avec les communes, se dote d’un outil de suivi et d’anticipation des transmissions des exploitations. Il nous parait indispensable qu’elle passe une convention avec la SAFER et que les communes de l’agglomération puissent bénéficier automatiquement des offres de terre sur le Pays de Lorient, et pouvoir ainsi préempter les terres, pour des projets d’installation, ou de confortation des fermes bios/durables déjà en place.
A partir de cette convention, Lorient Agglomération peut se doter d’une politique foncière régie par deux objectifs :
– la protection des terres agricoles et la maîtrise de l’étalement urbain,
– l’installation de nouveaux agriculteurs (s’inscrivant dans une agriculture respectueuse de l’environnement)
4) Développer et soutenir une agriculture locale de qualité, respectueuse de l’environnement et créatrice d’emplois
Les agriculteurs sont au coeur d’enjeux sociaux, économiques et environnementaux majeurs : production d’une alimentation de qualité, protection des espaces naturels, amélioration de la qualité de l’eau, lutte contre le réchauffement climatique et contribution aux enjeux énergétiques. L’agriculture doit aussi être reconnue comme une activité économique à part entière, participant pleinement à la création de richesses et d’emplois sur le territoire. Elle participe en particulier à l’équilibre des territoires ruraux, à la préservation des liens sociaux, de l’emploi et des paysages sur ces territoires.
5) Soutenir une consommation locale engagée et de qualité
Nous demandons de favoriser et soutenir, l’accès en restauration collective à des produits issus de l’agriculture bio (cantines municipales à minima puisque ce sont les communes, et EPCI qui en ont la gouvernance).
Donner la priorité aux produits locaux doit également être soumis à un respect de démarches agricoles assurant un respect de l’environnement et des produits de qualité. Pour cela, la démarche d’engagement d’amélioration des pratiques des agriculteurs (voir plus haut) peut servir de référence et garantie.
Lorient Agglomération peut également envisager des commandes groupées, un accompagnement sur la rédaction des appels d’offre lorsque les communes sont en gestion concédée, des formations pour les cuisiniers, le financement d’interventions pédagogiques en établissements scolaires, s’appuyer sur des structures expertes en la matière et ayant développé de longue date des compétences dans ce domaine (ex: le travail fait depuis de nombreuses années sur ce thème par le Syndicat du Scorff avec le GAB 56).
6) Relier les politiques de protection de la ressource en eau et de développement agricole
A l’instar de ce qui se passe dans les villes allemandes de Munich et Augsbourg mais également en France et en Bretagne (communauté de communes du Pays fouesnantais, Rennes Métropole), nous proposons qu’un site pilote de protection de la ressource en eau à travers l’agriculture biologique, soit porté par la dynamique de la charte de l’agriculture. Il en existe déjà une vingtaine en France, reliés dans le réseau d’expérimentations et de capitalisation piloté par la FNAB.
7) Soutenir une agriculture à faible impact sur le climat
L’agriculture a un rôle considérable à jouer dans les enjeux autour du changement climatiques, que ce soit dans les pratiques agricoles elles-mêmes, mais aussi dans la contribution au développement de sources d’énergie renouvelable.
La filière bois énergie est peu développée auprès des agriculteurs locaux. Pourtant la ressource bois énergie est utilisée dans les chaufferies collectives. Il y a de nombreux intérêts à structurer cette filière : entretien du bocage, source de revenus pour les agriculteurs, pédagogie auprès des jeunes et de la population urbaine… Autres sources d’énergies renouvelables à étudier et développer si possible dans le mix énergétique : méthanisation (exemple du projet LIGER à Locminé pour le biogaz), l’éolien (exemple de la ferme de Quimerc’h à Bannalec développé avec AEZEO), le photovoltaïque (sur les toits des hangars).