Comme l’on pouvait s’y attendre, la COP 21 s’est achevée sur un bilan qui suscite des réactions contrastées.
Si une majorité s’accorde pour reconnaître que ce fût une réussite diplomatique, les avis divergent quand il s’agit de savoir si le consensus sur lequel elle s’est conclue va contribuer à impulser des politiques à la hauteur des enjeux ou, au contraire, si l’égoïsme des nations et les stratégies des puissants lobbies énergétiques vont encore l’emporter sur les intérêts supérieurs de l’humanité.
Une chose, par contre, est certaine : cette conférence a suscité une attention sans aucune commune mesure avec toutes celles qui l’ont précédée et nous avons de bonnes raisons de penser qu’elle restera dans l’histoire comme un jalon dans le lent processus d’éveil d’une conscience écologique planétaire.
Jamais, depuis le premier sommet de ce genre organisé par l’O.N.U à Stockholm en 1972, les préoccupations des opinions publiques, ne se seront autant exprimées. Ce fut vrai sur tous les continents et c’est évidemment là une bonne nouvelle, car, comment imaginer que l’on puisse sauvegarder la « maison commune », sans l’accord et l’étroite coopération de tous ceux qui l’habitent ?
Cette évolution, on la doit bien sûr à la communauté scientifique internationale, aux hommes politiques les plus lucides, aux médias encore libres mais on la doit aussi à la mobilisation de multiples associations et réseaux communautaires. Des plus modestes structures locales aux grandes O.N.G ayant « pignon sur rue », elles se sont fortement impliquées pour contrebattre l’indifférence, la résignation et les dénis qui perdurent mais aussi – car on ne gagnera pas en exacerbant les peurs – pour donner, preuves à l’appui, de l’espoir en la transition qui se cherche…
Sans elles, le précepte « penser global, agir local » 1 que l’on doit à Jacques Ellul, n’a aucune chance d’être mis en œuvre alors qu’il révèle un peu plus chaque jour sa pertinence.
Ce sont là des considérations qu’il nous faut avoir bien présentes à l’esprit si nous tenons à contrer l’idée selon laquelle, comme d’aucuns cherchent à le faire croire, les démocraties vont vraiment s’avérer trop faibles pour faire face aux défis du futur !
À chacun d’imaginer de quelle régression nous serions les témoins – et surtout les victimes – si une telle hypothèse venait à se confirmer…
C’est donc à tous les hommes et à toutes les femmes conscients de leurs devoirs d’apporter leur contribution au renforcement des associations sensibles à ces questions de telle sorte qu’elles puissent poursuivre et amplifier leurs missions. Des missions qui relèvent de formes d’éducation populaire adaptées aux problématiques du XXIe siècle du fait, en particulier, des difficultés que pose la bonne maîtrise de toutes les avancées de la techno-science…
Tel le « levain dans la pâte », elles pourront alors, encore et encore, faire progresser cette conscience écologique planétaire dont nous percevons un peu plus chaque jour la nécessité. Elle s’avère, en effet, indispensable pour fonder une civilisation plus fraternelle et qui saura même étendre son sens de la solidarité… à l’ensemble du vivant.
Jean-Claude Pierre
Responsable associatif
1 formule reprise par René Dubos lors du premier sommet sur l’environnement en 1972.