« 30 projets pour une agriculture compétitive et respectueuse de l’environnement » dans le rapport #AgricultureInnovation2025 : une certaine idée du progrès…
« Les ministères de l’agriculture et de la recherche ont reçu mi-octobre le rapport sur l’innovation en agriculture pour 2025 qu’ils avaient commandité aux présidents de l’INRA et de l’IRSTEA, au directeur général de l’ACTA (instituts techniques agricoles) et au président du Conseil d’Administration d’AgroParisTech. Ce rapport présente un plan d’innovation décliné en 30 projets ciblés sur l’agro-écologie, le biocontrôle, les biotechnologies végétales, les agroéquipements et le développement de l’agriculture numérique, ainsi que la bioéconomie.
Notre syndicat se saisit de la parution du rapport et présente les principales critiques qu’il lui adresse :
Vision compartimentée de l’innovation agricole – contraire à l’approche système prônée dans le rapport – conduisant à des incohérences dans les propositions avancées, et fuite en avant dans la stratégie « tout-technologie » ;
Vision réductrice de la productivité uniquement comme l’augmentation des volumes et des chiffres d’affaires, et parti-pris en faveur de la défense de la compétition économique, qui ne se confond pourtant pas avec l’intérêt général.
En s’appuyant sur des estimations pour certaines contestables (ampleur des gains attendus des biotechnologies ou de la sélection génomique ou emplois créés dans le biocontrôle par exemple), le rapport dresse la vision d’une innovation en agriculture dont la photo de drone en couverture annonce la couleur. Par sa puissance technique et par la science mobilisée (et orientée) pour son utilisation, c’est à un certain type d’agriculture que le drone contribue : celle qui privilégie l’apport technologique agroindustriel à la régulation biologique autonome, celle qui a accès financièrement à une telle technologie, celle qui robotise au détriment de l’emploi agricole, dans un contexte où le nombre d’exploitations agricoles ne cesse de diminuer et où l’agriculture a perdu plus de 350 000 actifs en l’espace de dix ans.
Dans la conférence de presse consacrée à la présentation du rapport Agriculture Innovation 2025 le 22 octobre 2015, le Ministre de l’Agriculture l’a présenté comme la « dernière pierre du projet sur l’agroécologie » de la France. Avec ce rapport, les rédacteurs ont pourtant, peut-on craindre, tué le concept d’agroécologie, tant leurs propositions sont éloignées de la définition originelle de l’agroécologie, basée sur l’utilisation de concepts et principes écologiques pour la conception et la gestion d’agroécosystèmes durables tirant pleinement parti des processus naturels, à l’opposé de l’agriculture industrielle.
On cherchera vainement des voies mobilisatrices pour des jours meilleurs dans ce rapport. Nous, syndicalistes SUD de la recherche, déplorons cette nouvelle occasion gâchée par les dirigeants de la recherche agronomique de susciter face aux urgences, notamment climatique, une dynamique partagée ouverte sur la diversité des champs du possible. »
Le syndicat SUD recherche EPST