La COP 21 vient de s’achever, le marathon de discussions tendues aura duré 13 jours . Conclu à l’issue d’un cycle de négociations de plus de vingt ans et marqué par l’échec majeur, en 2009, de la conférence de Copenhague (COP15), l’accord de Paris est le premier accord universel de lutte contre le réchauffement. Il doit entrer en vigueur en 2020 et prendre le relais du protocole de Kyoto, qui n’imposait de faibles réductions d’émissions de gaz à effet de serre qu’aux pays développés. Au contraire, aux termes du document de 39 pages et en 29 articles, c’est l’ensemble de la communauté internationale qui consent à l’effort dans la lutte contre le dérèglement climatique.
On pourrait déjà retenir de cette séquence deux succès sans doute corrélés : les climato-sceptiques ne se font plus entendre et les populations des 195 pays ont pu être informées des enjeux.
En France, le battage médiatique a été puissant mais on reste sur sa faim concernant l’expression de la société civile pendant l’événement à Paris et ce notamment du fait de l’interdiction de manifestations. Cependant, sur le terrain, des territoires, des entreprises, des associations, des citoyens ont eux aussi participé et échangé sur le réchauffement climatique et les façons d’y répondre. C’est une opportunité à saisir avant qu’une autre urgence ne chasse celle-ci.
Les outils développés par Cohérence que sont le Baromètre des communes et des EPCI, l’Agenda 21 du citoyen, la caravane des transitions constituent des ressources précieuses pour faciliter la mise en œuvre des solutions.
Baromètre des communes et des EPCI – L’Agenda 21 du citoyen – La Caravane des transitions
Aux abords de la COP21
Je me suis rendue à Paris lundi 7 et mardi 8 décembre, histoire de prendre le pouls de la COP21. J’ai pu visiter 4 lieux et vous fait part de mes « impressions ».
Exposition COP 21 au Grand Palais : Une file d’attente impressionnante patiente pour découvrir une exposition sur la COP 21. Dès l’entrée, le visiteur est assailli par les panneaux de Véolia, Engie (ex Gaz de Suez), ou même Avril (le groupe de Xavier Beulin). Quelques associations dont Good Planet, ICDD, ATD Quart Monde…), de nombreuses salles de conférences pour présenter des « solutions », souvent techniques (bus propres, architecture durable, stockage d’énergie…) et des financeurs.
The Place To Be
Cet endroit n’a pas volé son nom. La bloggeuse-journaliste Anne-Sophie Novel spécialisée dans l’écologie a organisé l’événement suite à son expérience de Copenhague en 2009. Un atelier ruche sur plusieurs thématiques ou se sont rencontrés quelques dizaines de bloggeurs, journalistes, citoyens et associatifs venant de 50 pays. Une plateforme collaborative sur laquelle on peut glaner énormément d’information. The Place To Be.
Grande soirée à l’Olympia à l’initiative de la Fondation Nicolas Hulot. Au programme : musique, humour, bilan à date de la Cop21 et récompenses pour les 50 lauréats de My Positive Impact (Bleu Blanc Cœur, monnaie alternative Sol, Vir’Volt etc…). Sur scène: Nicolas Hulot, Marc Jolivet, NACH, Zazie… et Shaka Ponk. Sale comble de 2000 places.
Le Bourget COP21 : N’ayant pas d’accréditation je suis allée dans la partie ouverte aux visiteurs. Nombreuses salles de conférence, stands de grosses associations comme la FNH ou WWF. Pavillon français de réception et Ile de France en force. J’ai pu assisté à une conférence d’Hubert Reeves sur la biodiversité à laquelle s’est jointe Ségolène Royal.
L’Accord de Paris en quelques points
- Le premier accord universel sur le réchauffement entre 195 pays entrera en vigueur en 2020.
- Pas de mécanisme de sanction mais des obligations de mécanismes et de moyens.
- Les pays du Nord s’engagent, dès 2020, à une contribution financière minimale de 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à faire face au réchauffement.
- La mention d’une volonté de limiter le réchauffement à 1,5 °C, cependant la somme des engagements actuels des Etats met l’atmosphère terrestre sur la voie d’un réchauffement de 3 °C.
- Un premier bilan est prévu en 2023. Les parties réviseront leurs engagements tous les cinq ans.
- Non prise en compte des émissions du transport maritime ou du secteur aérien (soit environ 10 % des émissions mondiales)
- Absence de toute référence à l’abandon des ressources fossiles, énergies renouvelables quasi absentes…
- La croissance et le commerce restent des références inébranlables avec le souhait d’aller vers une économie neutre en carbone à partir de 2050.
- Le chaînon manquant reste la fixation d’un prix du carbone, que ce soit par le biais d’une taxation ou de droits à émission.
Le «Plan d’actions Lima-Paris» (LPAA) est un programme lancé par la France, le Pérou et les Nations unies à la fin de la précédente COP, organisée à Lima en 2014. Il regroupe aujourd’hui 75 «grandes initiatives coopératives internationales» engageant des Etats et d’autres acteurs (entreprises, ONG, villes, investisseurs, etc.) dans la réduction des gaz à effet de serre et la préservation des ressources naturelles. Ce plan est accusé de faciliter le greenwashing par certaines ONG. La plateforme web «Nazca», créée cette année, recense près de 7 000 « engagements ».
« Il revient aujourd’hui aux Etats, mais aussi aux entreprises, à la finance, aux chercheurs et à chacun d’entre nous de se saisir de ces incitations pour transformer l’essai de la COP21 » Pascaline Minet, 13 décembre 2015, Le Temps.
______________________
Carole Le Bechec
Co-présidente de réseau Cohérence