Deux évènements vont, à coup sûr, marquer 2015. Ils sont liés et feront date.
Le premier, dans l’ordre chronologique, concerne la publication, à Rome, d’une encyclique consacrée à l’écologie et le second, la tenue, à Paris, de la Conférence COP 21.
Il ne s’agit pas là d’une simple coïncidence. La démarche du pape François et celle de l’ONU, bien que relevant de logiques distinctes, procèdent d’une même prise de conscience : notre planète est malade et les maux dont elle souffre, le réchauffement climatique et l’érosion de la biodiversité, sont lourds de menaces pour l’humanité.
Cette prise de conscience ne date pas d’hier. Elle remonte aux années 60 avec la publication de nombreux ouvrages parmi lesquels Quelle terre laisserons-nous à nos enfants ? 1 et La planète au pillage 2 qui méritent ici une mention spéciale…
Rappelons que c’est en 1972 que, pour la première fois, l’ONU organisa à Stockholm une conférence que l’on peut rétrospectivement considérer comme le 1erSommet de la Terre suivi 20 ans plus tard, par celui de Rio, bien plus médiatisé.
Dans l’éveil de cette prise de conscience, l’Église n’a pas été en reste ainsi qu’en témoigne le propos de Paul VI tenu en 1970 : « Déjà nous voyons se vicier l’air que nous respirons, se dégrader l’eau que nous buvons, se polluer les rivières, les lacs, les océans… ».
Par la suite, tous les papes se sont exprimés sur ces questions et Jean-Paul II, après avoir en 1978 proclamé François d’Assise patron des écologistes, cautionna un rassemblement qui se tint à Bâle sur un thème pourtant bien dérangeant : « La responsabilité des chrétiens d’Europe vis-à-vis des problèmes actuels de la société, en particulier de la dégradation de l’environnement ».
Benoît XVI, à son tour, s’est très fréquemment exprimé sur ce sujet considérant même que sa gravité était sous-estimée par les catholiques ce qui a peut-être incité les évêques de notre pays à publier en avril 2012, un document intitulé : Enjeux et défis écologiques pour l’avenir 3.
Le redoutable pouvoir que nous confèrent aujourd’hui toutes les avancées de la techno-science exige une nouvelle conception de nos devoirs et obligations mais nulle éthique antérieure ne nous y a vraiment préparés. Or, continuer de subordonner la planète et l’humanité aux seuls impératifs économiques et financiers comme c’est devenu la règle, ne peut que précipiter les désastres écologiques et sociétaux qui se profilent. Aussi, c’est bien aux forces de l’esprit qu’il va, dorénavant, nous falloir faire appel pour gérer avec sagesse et discernement la Terre, l’unique demeure des Hommes.
Croyants, agnostiques ou athées, quelque soit leur conception de la spiritualité, tous ceux qui déplorent la manière dont la plupart de nos responsables économiques et politiques continuent de caricaturer les démarches visant à préserver la nature, ne peuvent que se réjouir de voir une institution comme l’Église prendre position sur la question écologique, contribuant ainsi à en faire une question essentielle et existentielle et même un impératif moral !
Jean-Claude PIERRE
Porte-parole du Réseau Cohérence
1Quelle terre laisserons-nous à nos enfants. Barry Commoner. Éditions du Seuil, 1969.
2La planète au pillage. Fairfield Osborn. Actes Sud, 2008.
3 Enjeux et défis écologiquespour l’avenir. Collection Document d’Église, 2012.